Aujourd’hui, nous avons eu la chance de discuter avec Laura, Raph et Duc, les fondateurs de Karma Diving & Yoga à Nusa Penida. Karma Diving, c’est d’abord un centre de plongée, mais c’est aussi un endroit où il se passe plein d’autres choses intéressantes !
Comment tout a commencé
Karma Diving est né de la rencontre de Raph, alors instructeur de plongée en Thaïlande, sa compagne Laura et Duc, webdesigner et instructeur de Yoga.
En 2017, ils ont lancé un crowdfunding pour réaliser leur rêve, sur la plateforme Globedreamers, un site « qui permet aux projets engagés de se réaliser ». Dès le début, l’accent était mis sur le développement d’un tourisme durable.
Six mois plus tard, le centre était ouvert, un record !
Les trois Français sont réalistes, et savent que les gens prennent l’avion pour venir en vacances, et que la plongée est également une activité polluante (matériel, bateaux, etc.). Néanmoins, leur philosophie est la suivante :
« Plutôt que de rester les bras croisés, nous réfléchissons à comment diminuer notre impact sur l’environnement au maximum et dans tous les domaines ! »
C’est bien de cela que nous allons discuter dans cet article ! Plongez avec nous.
Une expérience complète: entre yoga…
L’idée derrière Karma Diving & Yoga est de proposer aux clients une expérience complète. Il ne s’agit pas de repartir après sa plongée sans avoir fait l’expérience d’une séance de yoga dans les différents lieux de cours.
Duc-An Hua est le professeur, il a été formé en Inde en 2016 et a donné des cours de yoga en France, en Amérique latine, au Japon et maintenant en Indonésie. Il enseigne principalement le Iyengar, mais également le Hatha et le Vinyasa.
Ce qui est intéressant dans cette pratique, c’est le travail de l’alignement du corps et la respiration, en utilisant des supports tels que des ceintures et blocs. En étant en parfaite harmonie, nous apprenous à respirer mieux, et moins. L’analogie avec notre société est frappante : en apprenant à profiter du moment, on se satisfait pleinement des choses simples.
Les cours de yoga sont donnés tous les jours, au petit matin ou bien en fin de journée, pour terminer en beauté sous les étoiles de Nusa Penida, toujours dans des lieux enchanteurs au milieu de la nature. Nous noterons enfin que les matelas utilisés sont eco friendly car en mousse de TPE biodégradable pouvant être recyclée, sans latex, PVC ni caoutchouc. D’autre part, les blocs sont en bois et les ceintures en fil tressés.
… et plongée
A Florafox, il n’y a pas grand-chose pour soutenir un style de vie consumériste. Ici, c’est la part belle à aux merveilles de la nature, avec l’immanquable plage de Kelingking et sa vue imprenable des hauteurs ou celles plus à l’est, Diamond et Atuh Beach.
Et bien entendu, il y a les fonds marins exceptionnels du Nord et du Sud de l’île, où l’on rencontre une foule d’animaux plus extraordinaires les uns que les autres, des raies manta aux bancs de poissons en passant par les impressionnants poissons lunes, les Mola-mola.
Malgré le développement du tourisme, l’île garde une ambiance agréable et relâchée, loin de l’agitation de sa voisine à la notoriété immense. Pour que Nusa Penida garde son caractère, il importait aux amis de commencer par s’inquiéter… De l’eau !
L’eau, source de vie
Le centre fait partie du réseau Refill My Bottle, un ensemble de points où chacun peut gratuitement remplir sa gourde sur Bali, en Indonésie et dans d’autres endroits du monde. A l’initiative de ce réseau, le fondateur de BGreener, Alex Tsuk. Réduire la consommation de bouteilles plastiques est certainement la première étape pour impacter la production.
D’autre part, aujourd’hui en Indonésie, la plupart des établissements utilisent de l’eau en bouteille, transportées par camions au travers du pays. Si les gallons sont réutilisables, le meilleur déchet reste celui qui n’existe pas. Dès lors, Karma Diving utilise les filtres à eau développés par la marque Nazava.
Nazava, c’est une entreprise indonésienne qui fabrique des filtres basés sur le principe du charbon actif et de l’argent colloidal. De tels filtres sont tout à fait abordables pour les locaux et possèdent une longue durée de vie. Ils permettent ainsi de diminuer rapidement et drastiquement sa consommation de plastique.
Un savon 100% naturel pour éviter de polluer la mer
Au niveau du centre de plongée, les fondateurs cherchent à diminuer la consommation d’eau en gardant celle du bac de rinçage pendant deux jours : c’est déjà 1m³ d’économisé. L’idéal serait la récupération puis la filtration de l’eau mais cela engendrerait des travaux et un coût trop conséquent. Il faut dire qu’actuellement, l’eau à florafox-spb.ru reste vraiment bon marché, mais pour combien de temps ?
Puisque l’eau des bacs de rinçage est rejetée en mer, une des premières actions a été d’utiliser un savon naturel qui se présente sous forme de noix. Ils diluent et utilisent désormais ce savon pour toutes les activités du centre : la vaisselle, les combinaisons de plongée et même pour nettoyer les masques sur le bateau.
A côté d’autres centres qui utilisent des savons industriels ou du dentifrice pour leurs masques, c’est un fameux progrès pour le corail, très sensible aux matières industrielles.
Comme on peut le voir, il existe énormément de manières pour réduire sa consommation d’eau. Selon les mots de Raph, « Bali est une source d’inspiration inouïe à ce niveau ». D’autre part, pour trouver des solutions à l’heure actuelle, il suffit de piocher et répliquer plein de bonnes idées qu’on trouve sur internet.
L’éducation au cœur des préoccupations
Il existe un côté trop souvent négligé lors de l’adoption de nouvelles pratiques plus écologiques : la résistance au changement.
Dans le cas par exemple de l’utilisation du nouveau savon, il fallait « imposer » de nouvelles habitudes aux membres du personnel. D’autres exemples illustrent ce problème, comme par exemple le fait de ne pas utiliser de spray pour parfumer la lessive, pratique ancrée chez les locaux, et trop facilement oubliée. Ou encore le fait d’acheter des denrées par grandes quantités, ce qui implique une dépense ponctuelle plus élevée que les petits contenants (suremballés).
Pour le restaurant et la préparation des lunchbox, les MSG (exhausteurs de goût) sont écartés à tout prix. C’est une manière également pour les fondateurs d’attirer l’attention des locaux sur des pratiques culinaires plus saines.
C’est une question délicate que celle de la manière de communiquer ces changements. La meilleure approche, selon l’expérience de Raph, Laura et Duc, est de montrer l’exemple. Ainsi, ils ont été jusqu’à acheter les filtres à eau pour l’usage personnel de leur staff de Nusa Penida. Même si le filtre présente un avantage financier, il faut tout de même passer outre la question de la confiance dans la nouvelle technologie.
Au niveau des clients, le centre insiste toujours pour ne pas emmener de bouteilles en plastique sur les bateaux et recharger au maximum les contenants grâce à l’initiative Refill My Bottle.
Sur le bateau, les guides et instructeurs qui accompagnent les plongées connaissent leur sujet et sensibilisent les clients à la protection de la vie marine, ainsi qu’aux problèmes des déchets dans les océans. Utile dans un pays où malheureusement la production et l’utilisation restent un problème très visible du fait de la population grandissante ainsi que du tourisme de masse.
Les déchets, ils n’en veulent pas !
C’est une autre grande préoccupation du centre : la gestion des déchets existants. Nous avons déjà mentionné l’éducation par l’exemple comme solution. Autre initiative sur le sujet, la vente de gourde de inox sur place. Les clients ont également le choix à la fin d’une formation de plongée entre un t-shirt ou une de ces gourdes, estampillées Refill My Bottle. Ces gourdes possèdent un QR Code permettant de télécharger l’application pour savoir où se trouvent les points de remplissage.
Sur le bateau, les repas sont bien entendus proposés dans des tupperwares réutilisables, et les clients peuvent remplir leurs gourdes à volonté.
« Il faut faire le premier pas avec les gens. »
Pour les courses au marché, le centre a fait l’acquisition de “Tote Bags” estampillés avec le logo pour encourager tant les clients que les employés à ne plus utiliser de sacs plastiques. Enfin, ils ont commandé des pailles en bambou et proposeront bientôt des kits éco-responsables avec ces sacs, les pailles et la gourde.
« C’est un combat que nous sommes en train de gagner. »
Les efforts dans la gestion quotidienne
En matière de climat et de développement durable, c’est la gestion quotidienne qui doit passer en premier. Ainsi, Karma Diving insiste tout particulièrement sur les actions mentionnées plus haut. Pour reprendre les mots de David Katz, fondateur de Plastic Bank, il faut « fermer le robinet avant d’écoper l’eau sur le sol ».
L’entreprise sociale participe néanmoins à d’autres actions, plus ponctuelles, telles que des nettoyages de plage avec Trash Hero. Pour cela, ils se font hôtes de l’évènement une fois par mois environ. Ce type d’action, souligne Laura, n’est néanmoins efficace qu’à la condition d’être maintenu dans la durée.
Quelques possibilités d’améliorations néanmoins: plus de variété dans le choix des écoles impliquées ainsi que dans les zones géographiques, et davantage d’implication des locaux. Un suivi administratif plus poussé encore serait également en mesure d’améliorer la situation. En Indonésie, il est à la fois capital de réduire la production et d’encourager l’éducation afin de diminuer les déchets.
« Pour une éducation par le bas, il est trop tard. Si on ne fait rien au niveau politique, l’ile sera défigurée ».
On souligne néanmoins des initiatives locales telle qu’un « Ministry of waste » et les efforts du gouvernement local pour acheter des poubelles de tri. Bien que le ramassage ne s’effectue que sur la route principale, l’amélioration conjointe des infrastructures routières permettra, nous l’espérons, de continuer à améliorer la collecte.
Sur place, certains déchets restent rassemblés en attente d’une solution meilleure, telle que les piles, verres etc. N’hésitez pas à contacter Karma Diving si vous avez des solutions à ce problème.
Des matériaux de qualité et de la créativité
Etant donné le caractère de sport extrême de la plongée, l’utilisation de matériel de récupération et de seconde main n’était pas envisageable.
Dès lors, il existe deux solutions parmi les 5R de la gestion responsable des déchets. La première, prolonger au maximum la durée de vie des produits afin d’éviter d’en consommer davantage. Pour les combinaisons de plongée, cela passe par exemple par le nettoyage le plus complet – et prévenir les clients de ne pas uriner dedans !
L’autre solution consiste à réutiliser les matériaux, c’est ce qu’on appelle aussi l’upcycling. C’est par exemple possible avec le plastique des palmes et le néoprène des combinaisons. Selon Raph et Laura, c’est une démarche constante pour réfléchir à un second usage des matériaux.
Gestion de l’énergie et compensation
En ce qui concerne la gestion de l’énergie, il est difficile de stigmatiser les clients sur la consommation d’énergie fossile nécessaire à leurs vacances, d’autant que ce facteur est partagé entre tous les endroits visités. De plus, comme le soulignait Dale Carnegie, « on n’obtient rien par la critique ».
Dès lors, la solution pour Karma Diving est à nouveau de montrer l’exemple. Une manière de mitiger ses émissions de carbone est par exemple de contribuer à des projets sociaux et écologiques. Pour financer ceux-ci, le centre utilise par exemple le supplément payé par les plongeurs lors d’expédition plus lointaines.
Cette année, l’argent a été investi pour l’achat de fontaines à eau Nazava pour le staff, ainsi que pour soutenir un festival local, le Nusa Penida Festival. Le centre a aussi participé à un projet avec la Yayasan (ONG) locale « Yayasan Haji Anang Nurdin » du village de Toyapakeh (où le centre est installé), projet qui a permis à des familles d’avoir accès à de la nourriture pour célébrer la fin du ramadan
Le centre cherche enfin à réduire les émissions non-évitables. Par exemple, sur le bateau, un moteur neuf à 4 temps et bien entretenu est utilisé.
Prochaines étapes
Karma Diving compte bien continuer dans les voies du développement durable, de l’écotourisme et de l’éducation.
Pourraient ainsi voir le jour un projet de recyclage des eaux usées et un jardin en permaculture qui viendrait alimenter le warung, restaurant local, avec des produits respectueux de l’environnement et des potentielles allergies.
« Le restaurant et le jardin en permaculture, c’est un projet qui nous tient vraiment à cœur ! »
Quant aux clients, ils pourront recevoir des conseils avant le départ par mail, pour leur conseiller de se munir d’une gourde, d’un sac en tissu, de télécharger l’app de Refill my Bottle ou leur proposer de soutenir des projets partenaires.
Au niveau de la production d’énergie, les fondateurs sont preneurs d’idées à ce sujet. Entre centrales solaires et autres modes de production alternative, comme l’énergie géothermique, peut-être arriveront-ils un jour à être, comme Utopia Rote Lodge, totalement indépendant !
Finalement, en ce qui concerne la croissance du centre, Laura, Duc et Raph réfléchissent à créer des partenariats pour continuer de développer une vision du tourisme et de l’éco-gestion responsable. Le but étant à tout prix d’éviter le tourisme de masse.
« Nusa Penida est une vitrine pour dupliquer les principes d’éco-gestion ».
Quoi qu’il en soit, on voit à quel point il est possible et enrichissant de développer son entreprise selon des principes durables et sociaux.
« En possédant son propre centre de plongée, on est libre de mettre les choses en place qui nous tienne à cœur ».
A propos de BGreener
« BGreener est une mine d’informations exceptionnelle », nous raconte-on. La présence de membres qui ne sont pas dans le secteur de l’hôtellerie est au bénéfice non seulement des membres de l’organisation mais également de Karma Diving. En effet, de cette manière, les idées s’échangent entre différentes industries et chacun peut apprendre des autres.
Le réseau apporté par BGreener s’est révélé crucial pour résoudre toute une série de questions ou de problèmes, par exemple au niveau légal. Les fondateurs citent également la disponibilité du groupe, tout en regrettant cependant la distance par rapport à Bali, qui ne leur permet pas de se rendre à toutes les activités.
« La force de BGreener, c’est la rapidité avec laquelle se crée le réseau. De plus, le jour où on lance quelque chose d’importance, on sait qu’on peut compter sur les membres.»
Si le développement durable représente une part importante de votre vie, et si vous aimez découvrir les plus beaux fonds marins du monde et vous détendre lors d’une séance de yoga, alors contactez vite Laura, Raph et Duc à cette adresse. Vous pouvez visiter leur site internet ou leur rendre visite à Nusa Penida.
Guillaume Duckerts est un écrivain belge francophone et un voyageur amoureux de l’Asie. Découvrez-en plus sur son travail ici.